Proclamé second guitariste de tous les temps par le magazine Rolling Stone, juste derrière Jimi Hendrix, Éric Clapton s’est construit sur une enfance tourmentée, au gré de plusieurs influences « blues » comme Big Bill Broonzy, Robert Johnson ou encore Muddy Waters. Au fil des années, au sein de ses nombreux groupes et en solo, ses multiples talents se sont révélés - instrumentiste, chanteur, compositeur - pour aujourd’hui en faire une vraie légende de la musique blues ! Portrait.
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La guitare, refuge d’une jeunesse tourmentée
Fils illégitime d'un soldat canadien et d'une mère anglaise de 16 ans, Éric Clapton est né à Ripley dans le Surrey au Royaume-Uni le 30 mars 1945. Confié à ses grands-parents, ce n’est qu’à l'âge de 9 ans qu’il apprend que sa grande sœur est, en réalité, sa mère. Profondément choqué, l'adolescent peine à trouver son équilibre et ne trouve aucun refuge dans les études : il est renvoyé de l’École d’art de Kingston upon Thames à cause de ses mauvais résultats.
Pour son 13e anniversaire, ses grands-parents lui offrent sa première guitare acoustique, une Höfner de fabrication allemande. S’il a jugé son apprentissage de l’instrument très difficile, au point de presque l’abandonner, il persévère, mais reste peu confiant sur ses talents : « J'en fais un peu ; j'ai bossé quelques trucs de blues depuis un moment ; rien de sérieux. »[1]
À la même époque, il commence à fréquenter les clubs de musiciens, à l’image du Ealing Club, qui accueille les Rolling Stone, auprès de qui le jeune Éric fera même occasionnellement le chanteur.
Un style personnel développé dans ses différents groupes
Après avoir appris par cœur un album de Chuck Berry, Éric Clapton intègre son premier groupe Les Roosters en mars de 1963. Mais grâce à sa réputation de guitariste (construite sans même un cours particulier de guitare !), il est rapidement embauché par les Yardbirds, son premier groupe professionnel : avec eux, ils ne jouent pas de compositions personnelles, juste des reprises entre rock et blues.
Avec l'expérience, Éric Clapton développe un style très personnel, un jeu influencé par Buddy Guy, Freddie King et B. B. King. Face à cette forte personnalité, il devient une des figures clés du groupe. À l’époque, on le surnomme « Slowhand », en référence au claquement de mains du public, quand le spectacle est interrompu par le changement d’une corde cassée.
De 1965 à 1970, l’artiste navigue au sein de plusieurs groupes. Les Bluesbreakers, avec un univers R&B qui lui fait troquer sa Fender Telecaster par une Gibson Les Paul Standard, au son plus puissant et authentique. Idole adulée à Londres, il est érigé au statut de dieu : « On disait que j'étais le meilleur guitariste du monde. C'est vrai, j'ai toujours voulu l'être, mais ce n'est qu'un idéal inaccessible ». Avec les trios célèbres des Cream (Ginger Baker et Jack Bruce), il développe sa technique de chant et ses talents d’auteur. L’univers psychédélique du groupe lui permet de faire de longues improvisions sur scène.
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Un artiste marqué par des tragédies
Avec le guitariste Duane Allman, il crée la chanson « Layla ». George Harrison et Pattie Boyd sont déjà fiancés quand Éric Clapton rencontre le couple en 1967. Rapidement, l’artiste devient ami avec George et nourrit des sentiments pour Pattie. Un amour à sens unique (à cette époque-là), qui lui inspirera ce titre « Layla », mais c’est un échec commercial qui le plongera dans la déprime. Puis viendront l’alcool, la drogue et la mort de Jimi Hendrix ou de Duane Allman (accident de moto).
Heureusement, il pourra compter sur ses amis pour le sortir de la spirale infernale et le libérer de l’héroïne. En solo, il renouera avec le succès, grâce à sa reprise de « I Shot the Sheriff ». Au cours des années 70, il réalise plusieurs albums, accueillis de manière très inégale par les médias et le public. Alcoolique non repenti, il est hospitalisé à la fin de cette décennie et doit suivre une cure de désintoxication.
De retour sur le devant de la scène, il réalise plusieurs albums, dont « August » produit par Phil Collins en 1986. Mais il est encore touché par deux tragédies personnelles : la mort du guitariste Stevie Ray Vaughan dans un crash en hélicoptère, alors qu’il devait initialement être sur le vol et le décès de son fils de 4 ans et demi, défenestré du 53e étage de son appartement. De ce terrible accident naîtra la magnifique chanson « Tears in Heaven ».
En 1992, avec l’album acoustique Unplugged, « Layla » devient un vrai tube et marque le retour de la légende sur scène. Les années suivantes sont marquées par de belles collaborations, comme celles avec Carlos Santana, B. B. King, Luciano Pavarotti… En 2002, il organise le « Concert for George » pour son ami, décédé d’un cancer du poumon un an plus tôt. Puis, il continue les albums, les tournées et les participations remarquées. En 2015, on apprend qu’Éric Clapton souffre d’une lésion au système nerveux qui le handicape au niveau de son jeu de guitare, mais cela ne l’empêche pas de sortir son 23e album un an plus tard… Aujourd’hui, la légende du blues tourne toujours !
[1] Source citation : https://fr.wikipedia.org/wiki/Eric_Clapton